Cette tradition liégeoise reste aujourd'hui encore bien ancrée dans les familles. Mais pour combien de temps encore ? J'espère que, modestement, cet article permettra aux plus jeunes de la maintenir quelques temps encore.
Le vieil adage liégeois dit dans notre bonne langue wallonne qu'il faut manger du chou frisé le jour du Mardi Gras "po n'nin èsse magnî dès mohètes", en français "pour ne pas être mangé des mouches". D'où donc peut venir cette expression ?
Tout d'abord, il me faut remettre "les pendules à l'heure" afin que vous ne restiez pas induits en erreur par des journalistes qui présentent cette tradition sur fond d'une photo, magnifique certes, mais de chou vert ! Ça m'énèeeeerve... !
Le chou frisé est une variété acéphale de chou, autrement dit, sans tête... Premier à avoir été cultivé, bien avant le chou vert pommé aux feuilles rondes cloquées, le chou frisé est un chou dont les longues feuilles vert-bleuté aux bords très frisés poussent sur une tige blanchâtre de 30 à 40 cm de haut. Légume aux propriétés nutritives très importantes, il est très riche en vitamines diverses ainsi qu'en calcium et présente également des vertus antioxydantes et anti-inflammatoires très importantes. Traditionnellement, on le récolte après le gel lequel diminue, dit-on, son amertume.
C'est ainsi que le chou frisé était souvent récolté début mars, époque de l'année où il est le meilleur. Attendre pour le récolter est toutefois un risque. En effet, avec le redoux du printemps qui s'annonce à cette période, le chou pourrait être attaqué par des insectes nuisibles. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on conseille de le laver à l'eau salée. Cela pourrait également expliquer l'expression "ne pas être mangé par les mouches" qui aurait été détournée de sa signification initiale expliquant que le chou frisé devait être mangé avant d'être attaqué par des insectes ou une autre vermine.
Une autre explication consiste à souligner les qualités nutritionnelles et médicinales du chou frisé que les anciens connaissaient déjà, sinon scientifiquement, du moins intuitivement. Consommé le Mardi Gras, c'est-à-dire à la veille de la longue période de jeûne ou tout au moins de privations du Carême lequel dure tout de même quarante jours, ses bienfaits auraient permis à ses consommateurs de traverser cette épreuve à l'abri de la maladie et donc de la mort qui frappait les organismes affaiblis bien plus facilement en ces temps reculés qu'aujourd'hui. Du décès à être mangé des mouches, il n'y a qu'un pas.
La veille du Mercredi des Cendres, chez les croyants et les pauvres, la grosse marmite de chou frisé agrémentée de pommes de terre et de lard gras était au menu pour espérer tenir jusqu’à la fin de l’hiver. Aujourd'hui, on y adjoint volontiers des saucisses ou des plates côtes de porc...
Cette tradition vous parle ? Voici ma recette...
Très intéressant ! Pot'nîn ess magnî des mohh Orthographe non garantie !
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